« Stupid Soldier, shut up. » said Tameiki.

Ferme-la et range toi sur le côté, comme les autres. Fait le pilier, comme les autres encore. Tiens sur ta pauvre petite tête le poids de ta bêtises et reste debout le plus longtemps possible. Arrête de penser aux autres. Pense à ta propre personne, à ta petite gueule, et à personne d'autre. L'oeil rouge visant le ciel sombre parsemé d'étoiles, lueurs d'espoirs perdues dans les ténèbres de l'univers, Tameiki songeait. Encore, pour ne pas changer. Son équipe dormait. Cette bande d elarves qu'il n'estimait que très peu, voire pas du tout, mais qu'il se coltinait parce qu'il était Chuunin et qu'il avait dû les accompagner durant leur mission. Eux, dont il n'avait absolument rien à carrer, eux qui pouvaient crever comme des chiens sur le bord du chemin sans qu'il ne daigne de les regarder souffrir. Indifférence et arrogance étaient maîtres. Un ronflemment se fit entendre. Tameiki dirigea lentement son regard, mélange de froid et de chaud, sur un de ses hommes qui dormait, là, à ses pieds. "Pauvre imbécile". Pour l'avoir dérangé dans ses pensées, le Soupir (Tameiki = Soupir) aurait pu le tuer, en temps normal. Mais se faire réprimander pendant trois plombs sur un truc dont il se foutait royalement n'était pas -comment dire ?- son dada. Il saurait s'en passer. Alors, il se contenta de s'éloigner un peu du campement, faisant une ronde pour vérifier que tout allait bien.

Depuis sa sortie du laboratoire, depuis sa rencontre avec Uchiha Sasuke, Tameiki avait vu sa vie reprendre un chemin normal. A peu de chose près, c'était sans compter cet étrange don, le résultat d'une tentative d'homicide contre lui : il avait hérité d'un pouvoir qui l'interdisait de mourrir. Ca n'était pas tous les jours facile, contrairement à ce que de nombreuses personnes affirment. Il ne sent pas la fatigue de son propre corps, qu'il traine parfois sans en avoir conscience. Il arrive des moments où il sature, où il ne peut plus se servir d'un de ses membres à cause des efforts précédents. La seule chose dont il est épargné, c'est la douleur. Mais tout le reste demeure pareil. Les avantages ne sont donc pas si nombreux que ça. A vrai dire, les seules fois où il avait mal, c'était en présence du possesseur du Sharingan. Le Sharingan... Tameiki, malgré lui, était fasciné par ce pouvoir qui pouvait lui faire connaître les pires douleurs du monde. Des douleurs psychiques qui le fascinaient. Son pied frôla l'herbe, qui s'écrasa sous son poids, et Tameiki s'arrêta, baissant les yeux pour regarder la petite nature qu'il piétinait. Nombreuses étaient les personnes qui faisaient comme ces brindilles d'herbe face au Uchiha. Nombreuses étaient les âmes qui redoutaient au plus profond d'elle même la colère du survivant du plus puissant clan de Konoha.

Mais en dehors de cette admiration, qui avait-il ? De la reconnaissance. Uchiha Sasuke était, et resterait à jamais, la personne que Tameiki suivrait. Où qu'il aille, il irait, quoiqu'il veuille, il le ferait. Depuis qu'il lui avait permis de sortir de cette foutue prison où Orochimaru s'évertuait à trouver l'origine de son pouvoir, il avait une grosse dette envers l'homme au Sharingan. Et peut-être parce qu'il aimait tout particulièrement sa personnalité, Tameiki le suivrait et le protègerait, aussi. Les autres n'étaient que des pions. Sasuke était la pièce maîtresse de son jeu, et il devait en prendre soin comme aucune autre. Les secondes, puis les minutes, glissèrent sur l'horloge du temps, et la lumière aveuglante du brave soleil pointa en direction du but du jeune shinobi d'Oto. Il fut rapidement rejoint par ses "camarades", et reprirent leur chemin, dans un silence quasi-total. Communication par mouvement, discrétion et prudence. En tête de la troupe, Tameiki avait son esprit focalisé sur tous les éléments qui l'entouraient. Ainsi, il cessa de penser à toutes ces choses, à tout ce passé inexpliquablement flou.

Le chemin fut parcouru sans encombre. Personne ne les avait détectés, mais eux avaient détecté tout le monde. Petit tour d'esquive, feinte, camouflage, et le tout réalisé en un rien de temps, moins qu'il n'en faut pour le dire, d'ailleurs. Une équipe vive et efficace, car celui qui était à la tête n'était pas des moindres. Si Tameiki avait souvent été envoyé en mission depuis sa libération,c 'est parce qu'il était un élément excellent. Loin d'être stupide, il possédait même une intelligence supérieure à la moyenne et en plus, il ne tolérait pas l'échec. Jusqu'à présent, le seul échec qu'il avait connu s'était retrouvé dans son seul cauchemar, où il se voyait fuir un déluge de flamme, sur ordre d'une jeune fille qui lui ordonnait de partir. Tolérance zéro. Tellement d'exigeances, de perfections en cet être, que l'échec n'avait pas sa place. Ainsi, il réussit tout ce qu'il entreprenait. Même dans ce qu'il soi-disant ratait, il y avait une immense victoire. Moralement vainqueur, physiquement vaincu. La morale vaut plus que le physique. Un étrange sourire vint étirer les lèvres du Chuunin, lorsqu'il aperçu, au loin, l'entrée d'Oto. S'arrêtant une cinquantaine de mètres avant, il demanda à son équipe de vérifier le périmètre de sécurité normalement établi pour protéger l'entrée qui devait rester secrète. Tameiki s'avança, une main dans la poche, l'autre grattant sa nuque, à l'endroit où une cicatrice était légèrement visible. Traversant les quelques mètres qui le séparait de l'entrée, le jeune homme fut vite rejoint par ses coéquipier qui affirmèrent que tout était normal. Tant mieux. Depuis la disparition d'Orochimaru, il craignait de voir débarquer des ninjas un peu de tous les côtés à la recherche de leur planque.

Les autres passèrent devant lui. D'ailleurs, comment avait réagit Tameiki à l'annonce de la disparition d'Orochimaru ? Il n'avait pas dit grand chose. Il avait affiché un magnifique sourire, parfaitement hypocrite bien sûr, et hurlé un « Yattaaaaaaa » et... rien de plus. Il était parti, peu après cette nouvelle, pour aller pioncer tranquillement à l'abri des regards indiscrets. En dehors des missions, Tameiki était une petite boule d'énergie qui souriait et chambrait beaucoup. Très peu de gens se méfiaient de lui. Son sérieux et son dévouement pour Uchiha Sasuke ne laissait pas deviner l'horreur qui l'habitait. D'ailleurs, le Kurushimino pensait que Sasuke avait réussit à sonder son esprit, une fois. Une autre raison pour laquelle il pliait un genoux et le posait à terre devant lui. L'oeil bleu se fixa sur un garde d'entrée, devant lui, qui souriait presque niaisement, semblant heureux de le revoir. Tout bêtement, Tameiki lui sourit, mais songea un beau « t'as vraiment une sale gueule quand tu souris, on dirait une face de porc calciné ».



« Kurushimino Tameiki, de retour de Mission. Un succès. »

Le garde le félicita. Pauvre débile. T'as pas idée à quel point tu me répugnes.